L'enfant grec, par Vassilis Alexakis

auteur : Vassilis Alexakis - titre : L'enfant grec - éditeur : Stock 20,00 €


Comme André Gide quand il rédige Paludes, Vassilis Alexakis raconte le roman du roman qu'il projette d'écrire.
Suite à une douloureuse opération aux jambes qui le condamne à une morne vie quotidienne béquillante, il s'est réfugié dans un sympathique petit hôtel de la rue de Fleurus, loin de son studio certes propice à l'écriture... mais au 6ème sans ascenseur, donc inaccessible pour l'instant.
Pour meubler ces journées de convalescence-thérapie, il part à la découverte de ce beau quartier entre Sénat et Jardin du Luxembourg, jardin où il vagabonde lentement selon les possibilités de sa marche, se limitant aux proches allées où se trouve entre autre le théâtre des Marionnettes qui le ramène aux héros de son enfance, Robinson et Vendredi, Tarzan, les Mousquetaires, Cosette et Javert, tous les personnages de Victor Hugo bien sûr, dont le titre du livre "l'enfant grec" ne manque pas de rappeler le poème du même nom.
Au cours de ses visites, il fait la connaissance des propriétaires de cet établissement et vit dans une réalité qui s'évanouit dans ses souvenirs d'enfance. Il rencontre aussi l'artiste fabricant des poupées qui vit dans un appartement-atelier débordant de splendides morceaux de tissus, paillettes, rubans, boutons, pots de peinture pour les visages, un merveilleux fouillis ! Il fait connaissance aussi de la "dame pipi" dont la maisonnette tient un rôle important dans la vie du jardin, tout le monde s'y rencontre, jardiniers et leurs vues sur les arbres fruitiers et le miel, ouvriers en travaux dans le jardin ou au Sénat, la dame du bassin aux bateaux. La conversation s'installe et lui donne l'occasion de parler de sa Grèce natale et de faire un beau plaidoyer pour ses actuels malheurs économiques.
Bien sûr, au cours des semaines, sa marche devient moins hésitante et il s'aventure de plus en plus loin jusqu'au boulevard Saint-Michel, dont l'animation le fait fuir, non sans avoir rencontré les étudiants de la proche Ecole des Mines qui lui dévoilent l'entrée cachée des souterrains et anciennes carrières qu'ils investissent clandestinement pour le bizutage annuel.
Et sa convalescence se terminera (avant retour dans son studio pour se consacrer enfin à la rédaction de son livre), lors d'une énorme fête donnée par le Sénat, en une fuite éperdue de la bande de copains qu'ils sont devenus, à travers ces souterrains et dont le récit rocambolesque est digne de la fuite dans les égouts des Misérables.
                                                                             

Un livre merveilleux et charmant plein d'une douce nostalgie, à la fois tendre et lucide dans ce coeur de Paris qu'il décrit avec tendresse.






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