Auteur : Jean Lacouture - Jean-Claude Guillebaud - Titre : Sont-ils morts pour rien ? (un demi-siècle d'assassinats politiques) - Editeur : Editions du Seuil - 18 euros



J.F.K., Martin Luther King, Aldo Moro, Indira Gandhi...pour ne citer que quelques-uns des seize grands noms de l'histoire de la deuxième moitié du XXème siècle dont le tragique destin est revisité, étudié, analysé à fond.

Un demi-siècle d'histoire revu par d'autres yeux loin des passions du moment. Chaque attentat est soigneusement examiné, chaque compte-rendu épluché  : causes probables, modalité d'exécution, conséquences tant à l'échelon national qu'international.

D'une lecture attentive ressort une vision globale de la politique mondiale des dernières décennies et que les noms sortis des urnes républicaines ne sont pas forcément les vrais dirigeants et qu'en fin de compte forces occultes et grandes organisations arrivent souvent à leurs fins !

Tant pis pour la démocratie !

                                           


Extrait du livre :

"L'assassinat politique a pris depuis un demi-siècle une place majeure dans les relations internationales. Soulevant des flots d'émotion, nourrissant l'inquiétude, ces meurtres n'ont pas seulement transformé la plupart de leurs victimes en icônes. Ils ont, chaque fois, constitué un défi à la paix et à l'harmonie sociale. Les auteurs de ce livre ne proposent pas d'apporter de nouvelles révélations sur les crimes de cette nature commis durant le dernier demi-siècle - ni d'établir une corrélation entre la justesse éventuelle d'une cause et la haine meurtrière qu'elle engendre -
Le poignard de Brutus ne fait pas de César un "juste".

Un livre formidablement anti-conformiste et drôlement méchant, rien que du plaisir!!

L'art culinaire mène à tout !! Vous n'en douterez pas une seconde quand vous aurez lu de bout en bout le roman de FOG qui vous mènera de Marseille à Marseille en passant par Paris, les Etats-Unis, l'Allemagne nazie, la Russie de Staline, la Chine de Mao.

Arménienne chassée de son pays dès l'âge de sept ans par le génocide, la narratrice, femme à la sexualité débordante et d'une vitalité exubérante, ce qui lui permet de rebondir après chaque épreuve, nous fait traverser le siècle, ses horreurs, ses débordements, au rythme de ses propres vengeances.

Nul n'échappe à sa verve colorée et quelque fois agressive, dénonciatrice de tous les abus. Bien des Grands y sont malmenés pour la plus grande joie qu'on éprouve à déboulonner les statues.

Et pour finir, en prime, quelques unes des recettes qui rendirent célèbres Rose et ses nombreuses "petite Provence".
                                                  
Extraits du livre :

"l'Histoire est une saloperie. Elle m'a tout pris. Mes enfants. Mes Parents. Mon très grand amour. Mes chats. Je ne comprends pas cette vénération stupide qu'elle inspire au genre humain. Je suis bien contente que l'Histoire soit partie, elle a fait assez de dégâts comme ça. Mais je sais bien qu'elle va bientôt revenir, je le sens dans l'électricité de l'air et le regard noir des gens. C'est le destin de l'espèce humaine que de laisser la bêtise et la haine mener ses pas au-dessus des charniers que les générations d'avant n'ont cessé de remplir.
Les humains sont comme les bêtes d'abattoir. Ils vont à leur destin, les yeux baissés, sans jamais regarder devant ni derrière eux. Ils ne savent pas ce qui les attend, ils ne veulent pas savoir, alors que rien ne serait plus facile : l'avenir, c'est un renvoi, un hoquet, une aigreur, parfois le vomi du passé."

Auteur : Franz-Olivier Giesbert    La cuisinière d'Himmler   Editeur : Gallimard  21 €


auteur : Laurent Seksik - titre : Les derniers jours de Stefan Zweig - éditeur : Flammarion 17€

Un tout petit livre sur Stefan Zweig mais qu'on lit le cœur dans la gorge!! Roman bien sûr, puisqu'il n'y a pas d'autre terme pour qualifier ce profond et superbe travail sur les derniers mois de Stefan Zweig.

On pourrait lui donner un autre titre (déjà utilisé) "chronique d'une mort annoncée". Cette recherche montre, jour après jour, le fossé qui se creuse entre la vie et la mort, avec l'insurmontable perspective d'une guerre qui se rapproche de leur exil; la fureur nazie les poursuivant depuis leur départ de Vienne laissant derrière eux une vie de succès.

On suit de page en page cette longue descente vers une décision finale où l'incroyable amour de sa femme le suivra jusqu'au bout.

Bouleversant.

                                                     
Extraits du livre :

"Le véronal était leur filtre magique, à eux, les traqués. Le véronal était leur dernier allié. Walter Benjamin avait eu sa fiole et Ernst Rieger et tous les anonymes, ses cousins viennois, ses amis de Berlin, dont la dernière volonté était de ne pas tomber vivant entre les mains des nazis. Ils s'accrochaient à cette victoire dérisoire sur la barbarie."



Une femme aimée

auteur : Andreï Makine  - titre : Une femme aimée - éditeur : Seuil 21 €

Encore un livre sur Catherine de Russie, après Henri Troyat et Hélène Carrère d'Encausse ! et oui, Andreï Makine a osé et réussi cette gageure. Pas un  travail de biographe ou d'historien, non une recherche toute en finesse sur la nature humaine. Le narrateur, Oleg Erdmann  est cinéaste-scénariste et passera sa vie à tenter d'écrire un scénario sur la vie de Catherine,  non comme tsarine mais comme femme dans son intimité profonde.
Non pas d'ailleurs un scénario mais trois...recherche toujours reprise comme une obsession et modifiée pour cause de censure avant d'obtenir l'autorisation du tournage sans faire de concession  sur le fond, seulement sur la forme. Un exercice de haute voltige.

C'est du reste pour l'auteur, l'occasion de nous exposer les arcanes du système et l'art de les déjouer, non sans humour du reste, et montrer aussi que parfois il n'est pas facile non plus d'exposer ses idées sous un régime plus tolérant  mais dont les motivations sont tout aussi contraignantes.

Une œuvre qui met bien des choses au point après beaucoup de recherches approfondies.

Un grand merci à l'auteur pour cette plongée insolite  dans l'histoire.





                                                         

L'enfant grec, par Vassilis Alexakis

auteur : Vassilis Alexakis - titre : L'enfant grec - éditeur : Stock 20,00 €


Comme André Gide quand il rédige Paludes, Vassilis Alexakis raconte le roman du roman qu'il projette d'écrire.
Suite à une douloureuse opération aux jambes qui le condamne à une morne vie quotidienne béquillante, il s'est réfugié dans un sympathique petit hôtel de la rue de Fleurus, loin de son studio certes propice à l'écriture... mais au 6ème sans ascenseur, donc inaccessible pour l'instant.
Pour meubler ces journées de convalescence-thérapie, il part à la découverte de ce beau quartier entre Sénat et Jardin du Luxembourg, jardin où il vagabonde lentement selon les possibilités de sa marche, se limitant aux proches allées où se trouve entre autre le théâtre des Marionnettes qui le ramène aux héros de son enfance, Robinson et Vendredi, Tarzan, les Mousquetaires, Cosette et Javert, tous les personnages de Victor Hugo bien sûr, dont le titre du livre "l'enfant grec" ne manque pas de rappeler le poème du même nom.
Au cours de ses visites, il fait la connaissance des propriétaires de cet établissement et vit dans une réalité qui s'évanouit dans ses souvenirs d'enfance. Il rencontre aussi l'artiste fabricant des poupées qui vit dans un appartement-atelier débordant de splendides morceaux de tissus, paillettes, rubans, boutons, pots de peinture pour les visages, un merveilleux fouillis ! Il fait connaissance aussi de la "dame pipi" dont la maisonnette tient un rôle important dans la vie du jardin, tout le monde s'y rencontre, jardiniers et leurs vues sur les arbres fruitiers et le miel, ouvriers en travaux dans le jardin ou au Sénat, la dame du bassin aux bateaux. La conversation s'installe et lui donne l'occasion de parler de sa Grèce natale et de faire un beau plaidoyer pour ses actuels malheurs économiques.
Bien sûr, au cours des semaines, sa marche devient moins hésitante et il s'aventure de plus en plus loin jusqu'au boulevard Saint-Michel, dont l'animation le fait fuir, non sans avoir rencontré les étudiants de la proche Ecole des Mines qui lui dévoilent l'entrée cachée des souterrains et anciennes carrières qu'ils investissent clandestinement pour le bizutage annuel.
Et sa convalescence se terminera (avant retour dans son studio pour se consacrer enfin à la rédaction de son livre), lors d'une énorme fête donnée par le Sénat, en une fuite éperdue de la bande de copains qu'ils sont devenus, à travers ces souterrains et dont le récit rocambolesque est digne de la fuite dans les égouts des Misérables.
                                                                             

Un livre merveilleux et charmant plein d'une douce nostalgie, à la fois tendre et lucide dans ce coeur de Paris qu'il décrit avec tendresse.






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